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Éthiopie : la guerre au Tigré prend une dimension internationale


15 NOV 2020
Mise à jour 15.11.2020 à 14:52

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Avec AFP

Les autorités de la région dissidente éthiopienne du Tigré ont tiré, samedi, des roquettes sur la capitale de l’Erythrée frontalière qu’elles accusent de prêter main-forte à l’armée fédérale éthiopienne dans son offensive. Une escalade susceptible de faire dégénérer le conflit.

Dimanche, le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, a indiqué que les forces du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF) étaient les protagonistes de l’attaque, la veille au soir, des abords de l’aéroport d’Asmara, selon des diplomates basés à Addis Abeba.

Aucun bilan humain ou des dégâts à Asmara, capitale de l’un des Etats les plus fermés au monde, dirigé d’une main de fer par Issaias Afeworki depuis son indépendance de l’Ethiopie en 1993, n’était connu dimanche.

Les forces éthiopiennes utilisent aussi l’aéroport d’Asmara” ce qui en fait “une cible légitime“, a justifié M. Debretsion. “C’est un secret de polichinelle que les deux dirigeants“, MM. Abiy Ahmed et Aferworki, “utilisent cet aéroport pour déployer des forces de l’autre côté de la frontière”, entre l’Erythrée et le Tigré, “et nous attaquer“, a-t-il ajouté.

Les forces du TPLF “combattent les forces érythréennes depuis quelques jours sur plusieurs fronts” au Tigré, a-t-il répété. Des affirmations invérifiables de source indépendante, en raison du blackout imposé à la région et des restrictions de déplacement des journalistes.

Vendredi, le gouvernement éthiopien assurait ainsi que les forces du TPLF étaient “à l’agonie“, tandis que celles-ci affirmaient le lendemain avoir infligé de “lourdes pertes” à l’armée fédérale.

Ni le gouvernement éthiopien ni les autorités érythréennes n’avaient réagi, dimanche à la mi-journée, à ces tirs ou aux accusations de M. Debretsion.

Celui-ci a indiqué que ses forces n’avaient tiré aucune roquette contre le port érythréen de Massaoua, sur la mer Rouge, décrit comme une cible potentielle par le commandement des forces du TPLF, ajoutant ne pas prévoir “dans l’immédiat” de nouveaux tirs de roquettes en Erythrée ou en Ethiopie.

  • (Re)voir : Éthiopie : les Tigréens fuient au Soudan voisin

Craintes de déstabilisation de la région

Les tirs contre Asmara constituent une nouvelle escalade dans le conflit au Tigré. Samedi, le TPLF avait déjà revendiqué le tir de “missiles” contre deux aéroports de la région voisine de l’Amhara, également utilisés selon lui par l’aviation militaire éthiopienne.

Ils renforcent les craintes de nombreux observateurs que ce conflit n’entraîne non seulement l’Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (100 millions d’habitants) et mosaïque de peuples, dans une guerre communautaire incontrôlable, mais aussi qu’il ne déstabilise toute la région de la Corne de l’Afrique.

Par ces tirs, le TPLF a montré sa capacité à porter le conflit loin de son fief. Ce, alors que le général Berhanu Jula, chef d’état-major de l’armée fédérale, assurait le 5 novembre que “la guerre ne gagnerait pas le centre du pays” et “se terminerait” au Tigré.

En outre, même si le TPLF assure que “le conflit ne concerne pas les civils amhara“, de vieux différends territoriaux opposent les Amharas, deuxième groupe ethnique du pays, et les Tigréens.

Des milliers de miliciens amhara ont déjà rejoint le Tigré pour appuyer l’armée fédérale éthiopienne contre le TPLF, selon les autorités régionales amhara.

(Re)voir : Éthiopie : vers une escalade guerrière ?

Ennemis jurés

Les hostilités entre les deux parties ont commencé le 4 novembre dernier, quand le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a envoyé l’armée fédérale à l’assaut du Tigré, après des mois de tensions croissantes avec les autorités régionales du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).

Premier ministre depuis 2018, M. Abiy,a obtenu le prix Nobel de la paix l’année suivante pour avoir obtenu la paix avec l’Erythrée. Les deux pays étaient à couteaux tirés depuis une guerre meurtrière entre 1998 et 2000, moment où le TPLF était le parti tout-puissant du côté d’Addis Abeba.

Le dirigeant a également progressivement écarté du pouvoir le TLPF. Ce dernier représente la minorité tigréenne (6% de la population) et a, presque 30 ans durant, contrôlé l’appareil politique et sécuritaire éthiopien.

Plusieurs responsables du parti sont poursuivis dans des affaires de corruption. M. Abiy affirme vouloir installer des “autorités légitimes” au Tigré, désarmer ses forces, rétablir l’Etat de droit et traduire en justice ses dirigeants.

Le TPLF a accusé ces derniers jours le pouvoir d’Asmara, son ennemi juré, de laisser l’armée éthiopienne utiliser son territoire, qui borde toute la frontière Nord du Tigré, pour y faire passer ses troupes ou décoller ses avions, mais affirme aussi que l’armée érythréenne est directement impliquée dans des combats au sol au Tigré.

(Re)voir : Ethiopie : Abiy Ahmed, de prix Nobel de la paix à chef de guerre

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