Dans un monde qui bouge, envahie par les technologies numériques, la presse traditionnelle ne peut rester statique. Elle doit disposer d’une capacité d’adaptation permanente, dans un environnement de concurrence qui se renouvelle sans cesse. C’est donc pour être au diapason de ces évolutions et de ces mutations qu’une grande réforme de la presse écrite est engagée sous la houlette du président de la République, M. Ismail Omar Guelleh. « La vision stratégique du chef de l’Etat pour faire face au défi du numérique est claire : les organes de la presse écrite du pays (La Nation, ADI, Al Qarn) doivent innover sans relâche, se réinventer et se diversifier sans se perdre », affirme le ministre de la Communication chargé des Postes et des Télécommunications, M. Radwan Abdillahi Bahdon. Nommé en mai 2019 à la tête de ce département clé, il est en charge de la mise en œuvre de cette réforme, un projet colossal…
Juste quelques jours après la levée des mesures de confinement dans notre pays, le ministre de la Communication chargé des Postes et des Télécommunications, M. Radwan Abdillahi Bahdon, convoque une rencontre extraordinaire dans son cabinet. Les directeurs des organes de la presse écrite et les plus hauts cadres de son département, notamment le secrétaire général, le directeur de la Communication et des Médias, celui des TICs, les conseillers… tout le monde y est convié. Ce jour-là, le ministre RadwanAbdillahiBahdon procède à une grande annonce : le lancement officiel d’une réforme de la presse écrite et audiovisuelle.
« Comme vous le savez, les technologies numériques ont bouleversé non seulement l’économie des médias traditionnels du monde, mais aussi leurs modes d’organisation, leurs structures et leurs contenus. Les organes de presse de notre pays ne sont pas épargnés. Face à cette situation, le chef de l’Etat, M. Ismail Omar Guelleh, a initié un projet de réforme de la presse écriteet de l’audiovisuelle et m’a chargé de sa mise en œuvre ». C’est en ces termes que le ministre Radwan Abdillahi Bahdon s’est exprimé à l’ouverture de cette rencontre.
Premier allié de la presse nationale, le président Guellehn’est autre que celui qui aura permis aux journalistes et aux personnels assimilés de bénéficier d’une amélioration de leur situation professionnelle jadis précaire. L’adoption, en 2009, d’un statut spécifique a en effet marqué la fin de longues années d’incertitude pour les professionnels des médias. Grâce à cet instrument, journalistes et personnels assimilés sont, depuis, dotésd’une protection, bénéficient d’avantages (meilleurs salaires, primes, retraite, ancienneté etc…) et peuvent évoluer dans leur carrière.
Si hier, le gouvernement avait ainsi réussi à revaloriser le métier de journaliste, aujourd’hui il ambitionne de redynamiser les organes de presse écrite que sont
La Nation, l’ADI et Al Qarn. Cette réforme vise également à redynamiser le secteur de l’audiovisuel. D’où la séparation, prochainement, de la radio et de la Télévision. La RTD connaitra une refonte institutionnelle qui devrait lui permettre à terme de booster ses productions. La radio et la télévision seront séparées en deux directions distinctes et seront toutes deux chapotées par un Directeur Général. Chacune de ces deux entités disposera de ses propres journalistes et de ses propres programmes.
« La vision stratégique du président Guelleh, pour faire face au défi du numérique, oriente vers une vaste refonte tant institutionnelle, organisationnelle que rédactionnelle de la presse écrite et audiovisuelle», selon le ministre de la Communication. Les idées du ministre, il faut le dire, semblaient très claires dans sa tête. Dans la salle de réunion, son auditoire, séduit et captivé par son intervention, avait les yeux fixés sur lui. On l’écoutait attentivement, très attentivement…
Le ministre a d’emblée souligné la nécessité de remodeler le statut juridique de chaque organe, d’améliorer leurs contenus, de développer le design de leurs sites web qui transposent, amplifient et consolident leurs audiences. Il a par ailleurs regretté l’absence ou l’inadvertance de la presse écrite dans les réseaux sociaux, un autre secteur numérique devenu ces dernières années une des principales sources d’informations.
A cet effet, le ministre a insisté sur l’impératif de créer et de stimuler des pages pour chaque organe dans les réseaux sociaux. « La presse doit être présente dans les réseaux sociaux. C’est un secteur que personne ne peut négliger de nos jours », a-t-ilindiqué.
Evoquant la mission de l’Agence Djiboutienne d’Information (ADI), celle de la collecte, du traitement et de la diffusion d’une information claire, objective et rapide,
M. Radwan Abdillahi Bahdon, a précisé que cette réforme initiée par le chef de l’Etat devra permettre à l’agence de jouer non seulement son rôle de Porte-voix de la République de Djibouti à l’extérieur de nos frontières mais aussi et surtout de principal fournisseur en informations des autres organes de la presse écrite et audiovisuelle.
Cette nouvelle vision comprend l’élargissement des services médiatiques de qualité de l’Agence, à l’instar de ses confrères, qui sera dotée des moyens nécessaires pour fournir une couverture diversifiée dans tous les domaines de l’actualité.
Pour mener à bien cette grande réforme, une commission ad-hoca été mise en place.Elle a pour mission d’examinerles voies et moyens de rehausser la place des médias et de soumettre des propositions. «Je veux que les directeurs des différents organes de la presse écrite collaborent pleinement avec les membres de cette commission ad-hoc. Je veux que vous teniez des réunions quotidiennes pourétudier toutes les pistes susceptibles de redynamiser la presse. Je veux des résultats », a martelé le ministre, sur un ton ferme.
Avant de clôturer cette rencontre, M. Radwan Abdillahi Bahdon a fixé une réunion hebdomadaire (tous les dimanches matin) avec toutes les parties prenantes (membres de la commission et responsables des organes) afin de suivre de très près l’évolution de ce grand chantier.
Début des travaux de la commission ad-hoc…
Un grand chantier, cette réforme en cours l’est, évidemment. Mais grâce à un travail minutieux et rigoureux, la commission ad-hoc défie tous les pronostics. Elle s’attaque d’abord à l’environnement du travail dans les 4 organes et réalise un inventaire exhaustif de leurs moyens matériels, de communication et de transport.
Tous les jours, durant plusieurs semaines, membres de la commission ad-hoc et principaux responsables d’organes de la presse écrite se concertent, débattent et échangent des idées. Certains d’entre eux ont proposé des idées résolument novatrices qui semblent trancher avec un certain nombre d’obstacles qui perdurent dans les différentes rédactions.
Combler les besoins matériels et diversifier les infos
Les actions à entreprendre d’urgence ? Réorganiser l’espace du travail et renforcer les moyens matériels des organes pour atteindre des résultats. Partant de cette logique, un cabinet d’architecture a été engagé pour réaliser le réaménagement et l’ameublement des locaux des différents organes de presse (La Nation, l’ADI et Al Qarn). Le début des travaux est d’ailleurs prévu pour bientôt. Ensuite, les parcs informatiques et technologiques des 4 organes (La Nation, l’ADI et Al Qarn) ont été renforcés, avec l’acquisition de nouveaux ordinateurs, d’équipements bureautiques (climatisation, accessoires…), des clés wifi 4G etc…
Une fois cette première étape franchie avec succès, les différents organes de presse ont été appelés à définir une nouvelle stratégie visant à consolider leur présence dans le numérique. Pour ce faire, une nouvelle équipe a été mise sur pied au sein de chaque organe pour assurer l’animation dans les réseaux sociaux.
Aussi, le design des sites web et pages Facebook des organes ont été améliorés et leur niveau de sécurisation considérablement renforcés, leurs contenus amplement diversifiés, notamment avec la collaboration de l’ANSIE. Désormais, le portail web de chaque organe propose un éventail de sujets multimédias (vidéos, audio, live etc…)
Sur le plan commercial et financier, la presse écrite ayant subi une diminution de ses ventes et de ses recettes publicitaires à cause du Web, la réforme a permis aux journaux La Nation et Al Qarn d’identifier de nouveaux points de vente en vue de multiplier les ressources et toucher du coup plus de lecteurs.
Pour faire face au recul des recettes publicitaires, La Nation, l’ADI et Al Qarn ont pour la première fois initiés la vente d’espaces d’annonce en ligne. Les organes ont ainsi inséré dans leurs sites web respectifs, des espaces entièrement dédiés à la publicité en ligne. Une étape cruciale, peut-on dire. Cependant, les premiers clients ont sauté sur cette nouvelle offre et ont déjà acheté les espaces de pubs en ligne. Un grand pas, certes, et non des moindres.
Une autre avancée majeure enregistrée par la presse écrite depuis le début de la réforme en cours, le renforcement de la visibilité des organes.
Tenues professionnelles, matériels de reportage avec support logo à l’effigie de chaque organe: avec l’octroi de ces nouveaux équipements, la presse écrite est désormais au diapason des évolutions technologiques. Jamaisauparavant,elle n’aura connu une telle avancée, une telle visibilité. Le lancement, en septembre et en octobre 2020, d’applications mobiles a constitué un autre objectif atteint par les organes de presse. L’ADI, La Nation et Al Qarn disposent chacun de son application Android, disponible déjà dans la plateforme internationale Play Store. Ces outils numériques ont non seulement permis à nos organes de faciliter l’accès à l’information à leurs lecteurs mais aussi de booster leurs capacités de diffusion.
C’est peu dire donc que les actions réalisées en si peu de temps sont surprenantes. Mais la vérité est que la presse nationale ne peut rester statique dans un monde qui bouge.
Elle doit innover sans relâche, se réinventer et se diversifier sans se perdre. C’est l’objectif de cette refonte qui semble se concrétiser… jour après jour !
- AAD